J’ai toujours été une sorteuse, une « guindailleuse », et toutes les occasions étaient bonnes pour faire la fête et boire un verre mais petit à petit je me suis rendue compte que je buvais de
plus en plus et tous les jours, jusqu’au jour où j’en suis arrivée à boire en cachette. Je commençais à boire de plus en plus tôt et seule, il n’y avait plus rien de festif !
Je me suis un peu remise en question, et en boutade je disais que j’étais alcoolique mais mon entourage proche me disait : « mais non essaie de diminuer un peu et ça ira, tu as beaucoup de
volonté, ça va aller », ils ont mis du temps pour se rendre compte que j’étais très loin et que c’était un appel à l’aide, qu’il fallait me protéger, m’aider.
Après il y eut le défilé des ambulances, des passages aux urgences, des envies suicidaires, les accidents de la route et de 4 cures en hôpital psychiatrique dont 2 mises à la porte sur le
champ.
Mon mari, mes parents et ma sœur étaient impuissants et désarmés : que faire pour bien faire ? Les conneries s’enchainaient de plus belles, plus rien n’allait, c’était la descente aux enfers
; le boulot, les amies, la famille, le tribunal ; les interventions de la police, le couple, …
Jusqu’où j’allais aller, c’était carrément le débordement, de l’auto-destruction et j’allais droit dans le mur. J’allais tout perdre, boulot, enfant, mari, maison, amies, j’étais dans une
spirale négative et j’allais toucher le fond.
Il me fallait un déclic et là après avoir dépassé les bornes, je me suis retrouvée face à un mur menottée par la police, mise dans le cabanon à l’hosto et le matin attachée au lit avec deux
policiers devant ma chambre et là les médecins ont décidé de me colloquer pendant une semaine en mise en observation à l’agora et pas de bol pour moi il n’y avait plus qu’une place dans le
service schizophrène.
Ca a été très dur pour moi, je me suis retrouvée entre quatre murs à l’isoloir, ce sont des moments qui m’ont beaucoup affectée et je dirais même traumatisée, qui marque à vie, ça a été mon
électro choc et j’ai enfin décidé par moi même d’arrêter définitivement l’alcool qui ne me convenait plus.
J’ai mis tous les outils de mon coté et j’ai poussé la porte de « vie libre » et depuis 7 mois je ne rate aucune réunion.
C’est ma thérapie hebdomadaire, j’ai besoin de ce mouvement d’entraide, c’est très familial, convivial, pas de jugement et c’est très enrichissant d’écouter les témoignages des personnes et
de partager cette maladie ensemble.
Aujourd’hui je suis bien décidée à ne plus consommer et rester abstinente.
Là je peux dire que je vis, je profite pleinement de la vie et je me sens libre comme l’air.
Merci, à mon mari d’avoir toujours été là et qui a pris beaucoup sur lui, qui a pris la peine de comprendre la maladie et me soutient chaque jour qui passe, merci à maman qui a beaucoup
souffert mais qui ne m’a jamais laissée tomber, et qui a toujours été présente et qui a cru en moi : si ce n’est pas une preuve d’Amour !!!!
Je ne remercierai jamais assez Louis Demol qui m’a conduite sur le chemin de l’abstinence, il a été mon 1er contact téléphonique, c’est mon référent, merci aussi aux autres animateurs de «
vie libre » ainsi qu’aux témoignages et conseils des membres de vie libre.
Je suis très jeune abstinente et mon souhait le plus cher est de l’être encore très longtemps.je me reconstruis de jour en jour grâce à mon mari et ma petite famille. Les choses reprennent
leur place et la confiance se réinstalle. Comme on m’a appris, il faut laisser le temps au temps.